Retour sur les UXDays
Cette année, pour la première fois, j’ai participé aux UX days ! Issu de la direction artistique, la mention UX est venue s’ajouter à mon CV sur le tard parce qu’il n’y a pas que la marque dans la vie il faut aussi aider les utilisateurs à mieux utiliser notre produit.
Donc me voilà en route pour ma première édition des UX days, prêt à découvrir de nouvelles méthodes et des retours d’expériences de mes nouveaux pairs. Ce n’est pas ce que j’ai trouvé aux UX days. J’y ai trouvé des conférences bien plus généralistes sur notre place et notre devoir en tant qu’UX, mais aussi des conférences sur la créativité (qui ont réchauffé mon petit cœur de directeur artistique). Finalement le titre UX sans frontières était une vraie promesse d’ouverture qui a été tenue. Revenons en détail sur les conférences.
Keynote d’ouverture - Jean-Marc Jancovici
Une keynote d’ouverture sous le signe de la planète. Je ne pense pas qu’il faille encore présenter Jean-Marc Jancovici, ingénieur, conférencier, fondateur de The Shift Project et en lutte contre le réchauffement climatique.
La conférence avait pour but de nous alerter sur le fait que nous allions dans le mur écologiquement et c’est réussi. Une avalanche de chiffres alarmants, des exemples concrets et une vraie prise de conscience à avoir au niveau collectif.
Ce que j’en retiens :
- Aucune innovation technique n’a pu d’elle-même enrayer les gaz à effet de serre.
- 80 % du trafic de données vient des vidéos (faîtes des sites sans vidéo).
- Faire un monde 100 % renouvelable en conservant les acquis du monde moderne est impossible.
- 4 % des émissions de CO2 sont dûes au digital (construction des smartphones etc. et utilisation)
Est-ce que ceci peut driver la création de sites éco-conçus1 au quotidien ? Est-ce que faire un site éco-conçu n’est pas l’équivalent de faire pipi sous la douche face à une industrie toujours plus polluante et des trajets en avion toujours plus accessibles ? Les petits ruisseaux font les grandes rivières, combien faut-il de pipis sous la douche pour faire un ruisseau ? (vous avez 3 heures).
La conférence ne m’a pas apporté de réponse à tout ça, mais elle aura au moins permis de soulever des questions.
Le cerveau créatif - Anaëlle Camarda
Sûrement ma conférence préférée de la journée. Anaëlle nous a parlé de la créativité, de sa naissance et de comment la stimuler, tout en mettant à mal quelques idées reçues au passage. Cette conférence aura duré 30 minutes, mais elle aurait sûrement pu durer quelques heures de plus tant la conférencière avait réussi à embarquer la salle grâce à une maîtrise forte de son sujet.
Tout d’abord, une définition de la créativité aussi bien dans les domaines artistiques, qu’architecturaux, mais aussi pour les innovations purement techniques : ”la créativité c’est l’habileté à générer des idées originales (nouvelles) et adaptées (au contexte, à la demande)”.
Pour développer sa créativité, il faut réussir à sortir des éléments de fixation. Ces éléments sont ceux qui vont bloquer notre esprit, notre recherche sur un seul élément. Pour cela il faut se laisser des temps d’incubation et ne pas hésiter à changer d’espace (aussi bien lieu que temporel).
Il y a aussi des recherches qui montrent que le brainstorming n’est pas la solution à la recherche créative, car celui-ci favorise les blocages sociaux et cognitifs (validation de la hiérarchie, tentative de plaire, etc.)
Il faut trouver sa méthode de générativité d’idée, comme la méthode C-K ou KCP par exemple qui vont favoriser la naissance d’idées de rupture. Quelques phrases en vrac :
- “On ne devient pas moins créatif avec l’âge” (là j’ai vu les vieux designers de la salle pousser un soupir de soulagement).
- “La créativité naît de la contrainte”.
- “Si on ne cherche pas nos connaissances, on ne sort pas de nos fixations.”
- “On détecte bien ce qui est un point de fixation, il ne faut pas hésiter à explorer.”
De quelle manière arrivent et se développent les idées (pour un designer) ? - Étienne Mineur
Cette conférence pourrait se résumer en “expérimentez dès que quelque chose vous tombe sous la main, et vous serez créatif”. Étienne Mineur est un créatif, un expérimentateur et il nous le montre à travers cette conférence qui était à mon sens très inspirante. Rien de très activable au quotidien mais un vrai shoot créatif.
En nous déroulant son parcours et son folio, Étienne nous ouvre des portes sur sa créativité et ses expérimentations. Finalement la seule limite est celle que notre esprit nous fixe.
J’ai particulièrement apprécié les expérimentations que le conférencier réalise à l’aide d’un logiciel d’IA2 et qui nous laisse entrevoir de belles créations futures. En revanche, pour moi, ce genre de production est plus une production artistique qu’un travail de designer terrain.
Je retiens surtout cette phrase de cette intervention :
- “On ne demande pas à un designer de construire un pont, on lui demande comment traverser la rivière.”
Le design d’expérience Collaborateur - Rex MAIF
Finalement la conférence qui traite le plus de l’UX a été présentée par des personnes issues du pôle RH de la MAIF. Une conférence sur l’application de méthodes UX pour améliorer l’expérience collaborateur de la MAIF et donc l’utilisation transversale que l’on peut faire des ressources UX d’une entreprise.
Sortir du produit pour finalement s’adapter à tout ce qu’il y a d’humain dans une collaboration. Et donc, aller totalement à contrepied du changement de titre que beaucoup d’UX sont en train d’opérer à savoir passer de UX/UI designer à product designer. Le département RH (Richesse Humaine) de la MAIF a fait appel à des UX designer pour faire évoluer et améliorer l’expérience collaborateur et collaboratrice au sein de la MAIF. Vaste sujet humain très intéressant qui a nécessité pour eux un découpage comme pour la création d’un produit, avec un choix de features, des sprints, des tests utilisateurs ou utilisatrices et très prochainement des déploiements.
Cette conférence était très enrichissante pour son côté humain et pour finalement rappeler que l’UX travaille sur l’expérience utilisateur et ainsi revenir sur le côté humain de l’utilisateur·rice. Utilisateur au-delà du simple utilisateur ou utilisatrice d’un produit mais comme d’un humain qui vit une expérience quotidienne dans l’entreprise dans laquelle il évolue. J’ai la chance aujourd’hui de travailler dans une entreprise qui fait beaucoup de ce côté là, mais si un jour je venais à changer je sais que cette conférence se rappellera à moi pour proposer de l’amélioration en interne sur ce genre de sujet.
Comment démarrer ce genre de projet dans votre entreprise, 3 étapes clefs données lors de ce REX :
- Trouvez un terrain de jeux avec des résultats visibles rapidement
- Impliquez les RH dans vos actions, communiquez sur les bénéfices et les résultats
- Décidez avec les RH de vos prochaines actions
Et les conditions de réussite de ce genre d’ateliers :
- Vulgariser les bénéfices
- Se former aux méthodes
- Re-questionner sans cesse les besoins
- Contourner nos propres blocages et biais
Être designer aujourd’hui : éthique, posture et vision - Mellie La Roque
La keynote de fermeture répond à la première grâce à son positionnement éthique. La conférence était donnée par Mellie La Roque qui était là en tant que co-présidente de l’association design éthique.
La conférence interrogeait sur comment le design pouvait être un levier de bascule vers un monde plus éthique. Comment nous sommes amenés à comprendre les changements de paradigmes pour faire des choix de conceptions éclairés au présent pour le futur, pour passer par exemple d’une vision anthropocentrée à une vision écocentrée, évoluer d’un modèle hyper technologique vers une technologie plus raisonnée.
Ces questionnements font écho avec les miens et la conférence y répondait bien avec quelques exemples concrets en proposant par exemple d’avoir une réflexion éthique autour de 4 valeurs à savoir : l’utilité, la durabilité, l’universalité et l’autonomie.
Cette conférence était intéressante, j’ai simplement trouvé qu’elle manquait un peu de radicalité. Après je suis sûrement quelqu’un déjà au fait de ses enjeux, de ses réflexions et j’essaie déjà de les adresser au mieux dans mon quotidien de designer. Cette conférence a sûrement pu sembler radicale à un designer qui n’avait pas ce genre de principe en tête.
Conclusion
Des conférences très intéressantes même si elles ne m’ont rien apporté d’actionnable au quotidien, elles m’auront conforté dans mes réflexions sociétales et dans le besoin de créativité des UX.
L’ouverture à d’autres domaines m’a fait me dire qu’il faudrait plus de conférences de design globales, autour de la créativité, de l’utilisateur·rice, de l’expérimentation et sortir un peu de ce cloisonnement digital qui finit par nous mettre quelques œillères.
Mention spéciale aux sponsors accessibilité (Balsamiq et Société Générale) qui offrent la vélotypie et permettent ainsi à la conférence d’être raccord avec son positionnement d’ouverture.
À l’année prochaine.
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L’éco-conception désigne la volonté de concevoir un produit, un site ou autre en prenant en compte les principes de développement durable et l’environnement. Pour aller plus loin je vous conseille ce guide publié par l’association designers éthiques. ↩
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Le logiciel d’Intelligence Artificielle, ici plutôt de deep learning d’après le conférencier, utilisé est MidJourney. ↩