MixIT 2022 : Vivez la conférence comme si vous y étiez

Les 24 et 25 mai 2022 avait lieu la 10ème édition du cycle de conférences MixIT (la conférence avec des crêpes et du cœur). Je m’appelle Adrien, je suis développeur à Unow, et je vais vous emmener avec moi dans cette journée.

Jour 1

Départ

MixIT a lieu tous les ans à Lyon, et plus précisément à la Manufacture des Tabacs (entre les arrêts de métro Garibaldi et sans Souci). Ici, pour les lyonnais et lyonnaises nul besoin donc de prendre le train, partir la veille et préparer sa valise : votre reporter a pris ses deux pieds, et était sur place depuis chez lui en moins de 20 minutes.

Arrivée et keynote orga

L’entrée à MixIT se fait ici sans file d’attente, une personne scanne votre billet et vous invite à récupérer votre badge sur une table dédiée. Je cherche donc le badge à mon nom, puis, après avoir récupéré un tour de cou, sort de la file pour rechercher les salles.

Arrivé seulement 15 minutes avant le début, il n’y a plus de place en amphi C, salle où a lieu la Keynote d’ouverture. Pas de problème : la keynote est retransmise en audio, avec les slides, dans la salle juste à côté. Ici l’ambiance est particulière : il n’y a pas d’applaudissements. En effet c’est compliqué d’applaudir des personnes qui ne sont pas là. Mais c’est appréciable de tout de même pouvoir suivre les plénières, même avec une salle comble.

Keynote speaker : Tech éthique et géopolitique

Par Tariq Krim

Le speaker, entre autres, créateur de Netvibes, a compilé plusieurs de ses textes sur le sujet sur https://www.codesouverain.fr/.

Il souhaiterait que les commandes publiques choisissent des fournisseurs/hébergeurs locaux afin de leur donner plus de moyens et construire une « infrastructure nation ».

Designer pour le service public

Par Anne-Sophie Tranchet

Ça y est, première conférence « en vrai » où ce n’est pas une retranscription. Après avoir discuté un peu dehors, direction la chaleur de l’amphi C pour une conférence orientée sur beta.gouv.fr.

C’est un retour d’expérience après 2 ans à travailler au sein de ce programme d’incubation, qui prend le temps au début d’expliquer pourquoi commencer les projets en dehors de l’administration est parfois plus simple, et permet de se passer de certaines contraintes.

On y apprend notamment que, malgré la bonne image des projets qui en sortent, très peu sont accessibles.

Le travail sur le Design System de l’État (DSFR de son petit nom), à l’air très intéressant : https://www.systeme-de-design.gouv.fr/.

Photo salle de conférence depuis les gradins

Discrimination et harcèlement au travail

Par Caroline Jenatton-Fangier

Votre serviteur change de salle, pour ne pas aller ici dans un amphithéâtre, mais dans une petite salle de cours. Bonus de l’opération : les sièges en mousse sont ici plus confortables que ceux en bois des amphis.

Petit point sur l’organisation : MixIT a des applications Android et iPhone dédiées. L’application Android envoie un rappel quelques minutes avant chaque conférence que l’on a mis en favori, rappelant au passage la salle en question. Cela est très pratique.

Pour ce qui est ici de cette présentation en particulier, le sujet est intéressant, présentant les différents types de harcèlement au travail. Mettant l’accent sur le fait que cela doit être répété (au moins deux fois), qu’en cas de harcèlement, il vaut mieux ne pas attendre et constituer au plus tôt son dossier.

La séance de questions réponses était ici très intéressante avec beaucoup d’échanges et des vraies questions pertinentes (sur le lieu des harcèlements ou la discrimination positive par exemple). Serait—ce le fait de la salle plus petite et chaleureuse ?

Photo des slides et de la conférencière

Pause repas

Il faut se l’avouer : pour certains et certaines, la principale raison d’aller à MixIT n’est pas les conférences, mais la nourriture.

Ici comme d’habitude aucun problème : malgré un très grand nombre de participantes et participants, nous sommes servis relativement rapidement.

Les salades de lentilles et de riz ainsi que le cookie en dessert ne dérogent pas à la règle et sont plutôt bons.

Le lieu divisé en plusieurs cloîtres est très agréable pour manger : tout le monde est à l’extérieur assis sur les blancs ou sur les pelouses dans une atmosphère très conviviale et propice la discussion (qui est l’un des attraits de ce type d’événement).

Photo d'un bol de riz

Keynote speaker : Enjeux géopolitiques des infrastructures numériques

Par Ophélie Coelho

La thématique est ici très centrée sur les câbles sous-marins : la conférencière évoque donc des sujets tels que la dépendance de certains pays à très peu de câbles/opérateurs différents, ou des sujets comme l’accaparement des câbles par des GAFAMs.

Au début du talk sont évoquées des coupures récentes de l’accès à certains services au début de la guerre en Ukraine et où Apple Pay et Google Pay ont arrêté de fonctionner en Russie, causant quelques perturbations. Sur le côté infrastructure on peut aussi mentionner de façon moins anecdotique des opérateurs comme Cogent arrêtant leur activité là-bas, et ayant donc un impact sur le réseau.

Elle évoque aussi la construction de datacenters par des entreprises non-européennes en Europe (notamment dans les pays du nord), et parle d’un possible découpage entre pays : où certains pourraient se focaliser sur le hardware et d’autres sur le software, afin d’avoir une souveraineté européenne à ce sujet.

Petite note, il semblerait que l’étude eurostat isoc_cicce_use, pour voir l’usage des outils cloud soit intéressante.

S’il vous plaît… dessine-moi une appli !

Par Mélanie Bats

Malgré un petit retard au démarrage, la présentation fût intéressante. L’oratrice CTO (Chief Technical Officer) de l’entreprise ayant créé l’outil Sirius Web nous le présente.

On peut noter que ça fait plaisir de voir quelqu’un parlant de son entreprise en tant que “PME” et pas forcément en “startup”.

Sirius permet de modéliser de la donnée, et ensuite de concevoir des interfaces pour saisir et visualiser ces données. Ensuite elles pourront être utilisées directement dans l’application ou incluses dans d’autres applications (l’exemple ici est celui de la création d’un organigramme d’entreprise).

Pour le moment je ne vois pas d’usage à Unow, mais c’est intéressant de connaître cet outil.

UX Writing : 10 idées reçues revues et corrigées

Par Gladys Diandoki

Ce talk que je m’étais noté en must-see a été annulé, je n’ai donc pas pu le voir. C’est donc l’occasion d’aller profiter d’une des raisons du succès de MixIT : les crêpes !

Cette pause est aussi l’occasion de passer à la salle des symboles afin de donner les deux « Mixettes » à des associations, « monnaie » créée pour l’événement.

Photo d'une crêpe tenue d'une main

Fin de journée

Au final, sur cette première journée, je ne retrouve pas autant le côté « des idées pour tout de suite » qui pouvait transparaître sur les éditions précédentes, mais toujours des conférences très intéressantes, toujours dans la bonne humeur, et retrouvant des connaissances à chaque tournant.

Les conférences étaient toutes filmées, elles seront donc probablement mises en ligne dans quelques temps.

Jour 2

Départ

Tout comme la veille, il fait beau et le lieu de conférences n’est pas très loin ma demeure : c’est l’occasion de sortir de chez soi le matin et profiter du trajet bucolique (merci aux routes/chemins bien verdoyants). C’est donc tel Tintin sans Milou que je me dirige vers la Manufacture pour un reportage sur cette journée.

Arrivée et keynote orga

Deuxième jour, on a déjà son badge, l’arrivée est plus simple. C’est lors de la keynote d’organisation qu’on apprend que, malheureusement, la très attendue (par moi-même) keynote de fin de journée de Laurent De La Clergerie sur la semaine de 4 jours ne sera pas donnée et est remplacée.

Keynote speaker : How to build the alert system that France deserves

Par Gaël Musquet

La keynote commence par mentionner Gustave Ferrié qui a mis en place des antennes Martinique, Guadeloupe et sur la Tour Eiffel (c’est donc lui qui l’a « sauvée ») et l’éruption de la montagne Pelée en 1902 qui a fait 30 000 morts.

Le speaker mentionne la Guadeloupe où en cas de problème il est difficile d’évacuer tout le monde de la côte, et conseille à tout le monde de lire le Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophes. Il indique qu’un euro en prévention, c’est deux euros de gagnés sur des crises à venir et que 58 % des morts de catastrophes sont dûs à des séismes et tsunamis.

Photo des slides
Des chiffres pas très joyeux sur les catastrophes.

Vient ensuite une présentation du « Cell broadcasting », technologie datant de 1997, inventée en France, et déployée dans plusieurs pays, mais en France seulement prévue pour être déployée en été 2022. Celle-ci permet de faire sonner les téléphones et le speaker a fait du lobbying pour que celui-ci soit mis en place.

Photo des slides
Des extraits du journal officiel de l’Europe sont diffusés dès le début de la journée.

Il indique que le Document d’Information Communal sur les Risques Majeurs (DICRIM) de Lyon est un des meilleurs qu’il ait vu,

Ma vie est un ticket ! Eloge de la communication paresseuse

Par Romain Couturier

En rentrant dans la salle, vu le speaker, je m’attendais à une bonne conférence. Nous avons droit ici à un one-man-show, une belle prestation technique tout en réussissant à bien faire passer ses idées.

Ici aucun slide : mais du sketchnote. Le conférencier a une caméra qui filme son bureau et il dessine ses idées sur différentes feuilles à la manière de slides La conférence, dédiée à « toutes les personnes qui se sont perdues dans un outil de ticketing », parle du fait de bien communiquer entre les équipes, éviter les silos et revient sur des bases de l’agilité. Très agréable à suivre, je la conseille à tout le monde.

Au détour d’une explication, le speaker conseille le livre « La cinquième discipline » de Peter Senge, qui parle notamment des boucles.

Photo depuis les gradins des slides et du speaker qui dessine sur la table
Une présentation très originale.
Seconde photo depuis les gradins des slides et du speaker qui dessine sur la table
Une autre photo, moins floue et avec moins de cheveux.

Avoir un journal de codeur

Par Sandrine Banas

Je le mentionnait précédemment: à MixIT il y a 2 amphithéâtres de plus de 400 personnes, et des salles de cours pour les autres talks et workshops, bien plus petites.

Il y a des conférences où il faut un peu jouer des coudes pour pouvoir entrer, celle-ci n’y fait pas exception.

J’arrive à trouver une place, assis sur une table sur le côté de la salle, avec les slides visibles entre un pylône et l’épaule d’un autre visiteur.

Photo du public dans une salle de cours avec des personnes assises par terre
La salle bondée, avec des personnes debout et assises par terre.
Photo des slides, vus de coté, partiellement cachés par un autre spectateur
C’est donc c’est en ma qualité de reporter tout terrain et une vision limitée sur les slides que je vous écris.

On commence par mentionner une association pour l’autobiographie et le patrimoine autobiographique : si vous avez un journal intime, ils peuvent le conserver et le ressortir après une durée que vous aurez déterminé.

Rentrons dans le vif du sujet : quel est le besoin d’un journal de codeur ? 3 points sont cités :

  • pour construire une base de connaissances,
  • pour définir sa philosophie de codeur,
  • pour Garder une trace de cette portion de votre vie

Pour les snippets (les extraits de code), la conférencière ne passe pas par son journal, mais par un outil en ligne, permettant d’être plus structuré : thisCodeWorks.

Le support du journal peut être multiple : cahier, bullet journal ou vidéo en sont des exemples. Le format papier reste conseillé, celui-ci permettant de très rapidement prendre des notes si on a une idée (quand l’ordinateur n’est pas allumé par exemple), et cela même si on écrit mal.

Idées d’organisation est mentionnée : sur la page de droite avoir les notes, et sur celle de gauche les idées principales et/ou questions.

Un journal permet d’avoir un historique professionnel :

  • Savoir avec qui on travaille
  • Le planning de la journée
  • Les décisions techniques
  • Le reste à faire
  • La veille techno
  • Échecs (mais avec une analyse)
  • Succès (utile pour les entretiens annuels par exemple)

Il est aussi l’endroit pour y mettre des indicateurs SMARTs :

  • bien être, avec l’exemple de smileys
  • le temps de réunion
  • le nombre d’appels clients
  • l’équilibre pro/perso
  • le pourcentage d’avancée d’un livre
  • savoir si on a fait sa veille techno ou non (avec une case cocher vide ou cochée)

Si on a du mal on peut commencer par faire des listes ou des citations. Le journal peut aussi permettre de faire des fiches signalétiques sur les personnes.

Écrire sur les choses qui ne vont pas, son ressenti peut améliorer les choses et lutter contre l’anxiété, avoir un effet de catharsis pour se défouler.

Il n’y a pas seulement les choses qui ne vont pas sur lesquelles on peut écrire, c’est l’occasion de mentionner les personnes envers qui on a de la gratitude, et qui permet ensuite après plusieurs fois de les remercier directement.

Un journal est aussi un moyen d’avoir une capsule temporelle, pour revenir dessus dans plusieurs années. L’idée de décrire un moment dans sa journée a été évoquée.

Pause repas

Créatures d’habitudes, notre groupe de repas de la veille se retrouve au même endroit, dans le deuxième cloître. On reste sur le même niveau de qualité de nourriture que la veille.

Photo d'une salade de betteraces
Ce midi, l'entrée, c'est salade de betteraves.

Quelques petits conseils pour éviter la prison

Par Florence Houisse et Laurent Victorino

Conférence donnée en binôme : par une avocate et un développeur de jeux vidéos. On y apprend par exemple que la tour Eiffel de jour n’est pas soumise à des droits d’auteur de jours, mais que de nuit, pour utilisation commerciale il y a des droits d’auteurs dessus, à cause de l’éclairage. Sur le même principe, les bâtiments du Louvre n’en ont pas, sauf la Pyramide (signe le plus reconnaissable), qui elle est plus récente.

Photo depuis les gradins, des slides et du speaker assis sur la table
Des hippopotames ponctuent l’ensemble de la conférence.

La conférence était claire et, malgré le thème, avec des moments drôles (il y a des blagues sur les stagiaires, mais on sent que ça reste bienveillant).

Après celle-ci, il y a eu un long moment de questions/réponses. Pratiquement à chaque fois, les questions étaient pertinentes.

Photo depuis des slides de la conférence
On notera ici que les slides et le discours étaient inclusifs.

Le design manipulatif : oui, mais non

Par Sophie Friermuth

Hop, hop hop, la conférence précédente a un peu durée, on se dépêche d’aller dans la salle d’à côté (mais ça va, finalement elle ne commence pas tout de suite).

Photo depuis les gradins, des slides et de la conférencière
La salle n’était pas aussi remplie qu’on aurait pu s’y attendre.

La salle étant peu remplie, la conférencière indique qu’on peut l’interrompre quand on le souhaite et poser des questions. Ici, pas de moments de blanc lors des questions, un public qui répond bien et ose poser des questions. Cela donne une session très interactive et agréable.

Lors de sa présentation, elle indique que dans le design, on peut catégoriser les éléments en différentes fonctions :

  • Description ou représentation
  • Transaction
  • Persuasion
  • Manipulation

S’en suit alors des exemples de catégorisations sur des sites, en encadrant en couleur les éléments et en voyant la place prise par les différentes catégories. Ce qui permet de déterminer quel type de design est le plus présent et comparer différentes pages de sites.

Pour la persuasion il ne faut pas que ça soit répété sur tous les éléments (exemple de la notation de booking, vu qu’elle est sur chaque hôtel, ce n’est pas de la persuasion, c’est de la description).

Il existe différents axes qui encadrent les décisions en entreprise :

  • Les lois et réglementations
  • Termes contractuels
  • Code de déontologie et principes de design
  • Valeurs de l’entreprise
  • L’éthique individuelle
  • Ce qui a marché jusqu’à présent
  • Ce que font les autres

Il existe un code de déontologie du designer (par l’alliance France Design), mais dans leur article 11 ils indiquent « Travailler objectivement dans l’intérêt du commanditaire, lui proposer des créations originales génératrices de valeur ajoutée à son bénéfice exclusif », donc ne parlent pas des utilisatrices et utilisateurs.

Après un détour par Aristote et l’éthique à Nicomaque, l’oratrice termine en indiquant que l’éthique doit arriver au plus tôt dans la discussion sur les features pas sur la fin.

Au final, c’était intéressant, dynamique. Je conseille.

Reprenez le contrôle de votre bash en devenant un ninja de la CLI

Par David Aparicio

Le stand de crêpes ferme plus tôt qu’annoncé, il ferme à 17h00. J’ai donc un dilemme, soit je fais la queue au stand maintenant, soit je prends l’escalier me dirigeant vers la salle Kare où à lieu à 17h00 la conférence suivante. C’est donc avec conscience professionnelle que j’abandonne tout espoir de manger du sucré et prends l’escalier.

Photo des slides dans une salle de cours, avec un poteau bloquant partiellement la vue sur les slides
C’est donc pour cela que personne ne s’était assis à cette place.

Des différents outils cités, je retiens tout de même « dstp » pour faire des checks réseaux, « key » pour remplacer apache bench, « hyperfine » pour la performance de scripts/outils cli et « lnav » pour la navigation dans les logs. « vcsh » est aussi à noter pour gérer ses configurations entre plusieurs machines. Au final, je ne regrette donc pas ma crêpe.

Le speaker mentionne le talk de Grégoire Pineau à Devoxx 2022 qui effectivement se regarde très bien.

Conclusion

Cette deuxième journée était pour moi plus intéressante que la première. C’est toujours très dense, et avec des choix à faire sur certains créneaux. Mais cette année la vidéo devrait permettre de rattraper ce que l’on a pas pu voir en présentiel.

Quant à nous, chère lectrice, cher lecteur, nous nous retrouverons au minimum l’année prochaine pour l’édition 2023.